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ESG : Les étapes pour bâtir votre stratégie de reporting extra-financier

Les entreprises ont désormais l’obligation de faire leur déclaration extra financière. Le but de la Commission Européenne est d’étendre l’évaluation de leur performance financière à leur impact environnemental, social et à leur mode de gouvernance, afin d’orienter l’adaptation et l’atténuation au réchauffement climatique avec pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le reporting ESG constitue un outil stratégique permettant de développer de la valeur à long-terme dans un monde changeant, il permet d’articuler différents paramètres sur le temps court et le temps long. La plupart des entreprises ont l’habitude d’effectuer rigoureusement leur reporting financier, mais ce n‘est pas le cas pour le reporting extra-financier, faute de clarté sur les indicateurs à utiliser. La question qui se pose pour les entreprises aujourd’hui est de savoir comment intégrer ce nouveau process de reporting à leur routine, selon leur taille, leur activité et leur secteur, afin de fournir les renseignements ESG exigés à partir de 2023. L’enjeu est de taille et c’est ce pourquoi nous apportons dans ce document quelques éléments de réflexion.

Qu’est-ce que le reporting ESG et pourquoi est-ce important ?

Pour les entreprises exerçant en Europe, voici la nouvelle réalité dans laquelle elles évolueront. Une nouvelle régulation appelée le CSRD (lien vers article CSDR), est entrée en application au 1er Janvier 2023, prend la suite de la NFRD adoptée en 2014. L'une des différences entre les deux directives est que le terme « non-financier » est remplacé par celui de “stratégie durable et soutenable”. On change donc l’intensité du message adressé aux entreprises.

Les investisseurs exerçant en Europe sont quant à eux soumis au SFDR, une réglementation à étages entrée en vigueur en 2021. Celle-ci exige que les investisseurs produisent des politiques de finance durable (stratégie, objectifs et indicateurs de progression) et qu’elles rendent des comptes concernant leur ”part verte“, leur démarche de réduction des émissions de carbone ou ”température de portefeuille“. Cela doit les inciter à mettre en place des stratégies d’adaptation en approvisionnement en matières premières, en énergie, etc.

Actuellement, l’univers international de la notation ESG n’est pas régulé, ce qui implique qu’une grande diversité d’acteurs, de produits et services financiers s’y développent. On retrouve des agences de notation, des investisseurs, des courtiers, des fournisseurs d’indices et des ONG (qui évaluent le travail des politiques climatiques des banques sur les critères ESG). La consolidation de ce marché et l’apparition de la taxonomie européenne visent à clarifier l’information et à améliorer leur qualité sur les marchés financiers.

Alors que les plus grandes entreprises se préparent à ces changements depuis vingt ans, ce n’est pas le cas de la majeure partie d’entre elles. Or, la notation d’ESG déterminera de plus en plus où iront les investissements et pour qu’une entreprise se mette aux normes, elle devra communiquer sa stratégie ESG, appuyée par des données rigoureusement collectées et mises en forme. La plupart devront donc se familiariser avec ce nouveau vocabulaire et les stratégies de communication inhérentes au reporting, mais également s’organiser pour pouvoir fournir ce reporting et le mettre à jour sur une base régulière.

Se conformer aux critères ESG est-il obligatoire ?

Avec la nouvelle Directive européenne CSRD votée au cours de l’été 2022 au parlement européen (qui met à jour le NFRD introduit en 2017), davantage d’entreprises doivent désormais rendre compte de leurs données extra-financières conjointement aux données financières. Le reporting s’étendra à toutes les grandes entreprises et à toutes les sociétés cotées (à l’exception des micro-entreprises).

La CSRD concernera les entités cochant au moins 2 des critères suivants :

  • +20 millions d’euros de bilan ;
  • +40 millions d’euros de chiffre d’affaires ;
  • +250 salariés

La première application de la directive se fera au 1er janvier 2024 sur l’exercice 2023. En janvier 2027, les PME cotées seront également concernées sur leur exercice 2026.

Quelles sont les exigences et les risques de ne pas s’y conformer ? Les investisseurs repèrent déjà des risques ESG qui se matérialisent dans l’opérationnel des sociétés et qui peuvent impacter les valorisations. Les entreprises qui ne s’y soumettront pas auront par conséquent de plus en plus de difficulté à être fonctionnelles au niveau opérationnel (matières premières, énergie et personnel qualifié) puisque les entreprises les plus attractives aujourd’hui sont celles qui se conforment aux critères ESG. Ce ne sera donc pas obligatoire pour tout le monde, mais tout le monde va devoir s’y mettre pour survivre dans ce nouvel environnement économique.

Qu'est-ce que cela signifie pour votre entreprise ?

De façon plus pratique, cela signifie que votre société (et plus particulièrement son/sa directeur/trice financier/ère) devra collecter, rassembler et analyser toutes les données disparates provenant de plusieurs sources, qu’elles soient financières ou non-financières, de manière intégrée et collaborative (et non pas en silos). Le CSDR fusionnera le Reporting électronique harmonisé européen (ESEF) avec le reporting ESG et le tout sera probablement intégré au rapport financier annuel. De plus, les audits externes deviendront obligatoires (avec les coûts supplémentaires inhérents). Cela implique de façonner une stratégie de reporting et de bâtir une politique ESG en interne pour plusieurs raisons :

  1. Pour être en accord avec les nouvelles réglementations.
  2. Parce qu’il y a un besoin d’alignement de la part des investisseurs qui à être cohérents avec leurs valeurs.
  3. Il y a un besoin de réponse aux devoir des sociétés de gestion, qui en participant au financement de l’économie réelle, doivent savoir où prioriser les investissements.
  4. Afin d’appréhender les risques, de se couvrir et de s’assurer en conséquence.

Que doit contenir votre reporting RSE/ESG ?

  1. Votre modèle d’affaire (ressources, activités, réalisations, stratégie, projections)
  2. Les principaux risques à court, moyen et long-terme (ce qui inclut une méthode d’analyse de risques pour vos relations d’affaire et vos parties prenantes, produits et services et l’évolution du contexte réglementaire)
  3. Votre politique visant à prévenir et à atténuer ces risques
  4. Les résultats de votre politique et vos indicateurs de performance, ainsi que les actions réellement conduites à partir des moyens définis pour la mise en œuvre de la politique, le contexte ayant impacté la mise en œuvre de ces actions et votre interprétation des résultats obtenus.

Par quoi commencer ?

Vous pouvez commencer par prendre connaissance du paysage ESG international, de ses acteurs et outils, afin de choisir les standards qui seront les plus adaptés à votre organisation et à votre secteur d’activité. Puisqu’il en existe beaucoup et que le nombre d’acronymes et de termes justifie un lexique ESG, on parle souvent de “soupe alphabet ESG” dans le monde anglo-saxon. En France, selon une étude publiée en 2018 par Mazars, bien que leur usage soit en recul par rapport aux années précédentes, les tables les plus utilisées par les entreprises sont l’article 225 de la loi Grenelle II (74 %), puis la GRI (42 %), le Pacte mondial des Nations unies (21 %), les ODD (18 %), et l’ISO 26000 (3 %). Cependant, il en existe d’autres et la Loi Grenelle ne constitue pas un principe ou cadre ESG.

Bâtir votre politique ESG et votre stratégie de reporting ESG pas à pas

Nous vous recommandons de procéder par petits pas et d’avancer progressivement dans le processus, car le succès dépend en partie de l’adhésion et de l’implication des parties prenantes pour faire remonter l’information. Il faut une information qualitative, fidèle, pertinente, compréhensible, comparable, vérifiable, produite à temps et connectée aux informations financières.. Rien que çà !

Voici des éléments qui jalonneront votre réflexion dans l’élaboration de votre reporting.

5.1. Vers le reporting intégré

L’entreprise doit souvent commencer par un reporting RSE, puis ensuite passer au reporting ESG (qui s’ajoute au reporting financier). L’étape suivante (qui peut aussi être franchie tout de suite, afin de gagner temps et ressources au bout du compte) est le reporting intégré.

Ce passage d’un reporting RSE au reporting intégré s’effectue généralement en cinq étapes

Etape 1

Le choix du processus d’intégration du reporting. Celui-ci va dépendre de chaque entreprise et en fonction du business model. C'est l’étape de prise en compte des risques et opportunités – leur vision et mode de gouvernance, leur stratégie et l’allocation de leurs ressources, leurs perspectives et leur performance.

Etape 2

La cartographie des parties prenantes. Le dialogue avec les parties prenantes est incontournable dans la mise en œuvre d’un reporting intégré, et cela d’autant plus dans le contexte actuel d’élargissement de la responsabilité de l’entreprise en matière d’impact extra-financier. Il est donc important pour l’entreprise d’identifier, de classer et d’évaluer les différentes parties prenantes de son environnement d’activité et ainsi de s’assurer de mettre en place la relation la plus adaptée possible avec chaque partie prenante, afin de l’associer à sa démarche de performance globale. Les clients / consommateurs sont en général très réceptifs et ravis de participer à cette démarche. Elle permet notamment d’améliorer leur satisfaction, car ils ont cette opportunité très apprécié de pouvoir s’exprimer sur votre relation, vos produits, vos services.

cartographie des parties prenantes performance management

Image : Cartographie des parties prenantes Source : Blog de performance-management

Etape 3

La matrice de matérialité : La matrice de matérialité RSE vient estimer l’importance des enjeux climatiques et sociaux pour l’entreprise et ses parties prenantes. Elle permet de croiser différents facteurs, tels que l’impact d’un enjeu ou la probabilité de survenue d’un risque. Plusieurs entreprises éprouvent actuellement des difficultés à s’accorder sur la méthodologie d’évaluation de la « matérialité ». Ainsi, certaines entreprises prendront pour axes d’évaluation des enjeux : l’intérêt pour les parties prenantes, la création de valeur pour l’entreprise, l’importance pour l’entreprise, la maîtrise de l’enjeu, ou d’autres axes encore. La matérialité est un sujet qui est actuellement au cœur de l’harmonisation des standards internationaux avec l’IFRS et l’EFRAG. En attendant, les entreprises qui ont su intégrer cette notion dans leur reporting l’ont fait à leur manière et à la mesure de leurs connaissances, de leurs moyens et de leur propre interprétation.

Étape 4

Le processus d’alignement stratégique : L’étape d’alignement stratégique vise à aligner les différents éléments de l’entreprise avec la stratégie, la vision de l’entreprise et lses objectifs à atteindre. Ces différents éléments sont : - la structure organisationnelle, la culture d’entreprise, la structure d’information, qui revient à adapter les outils technologiques mis à disposition dans l’entreprise, le système décisionnel. Chaque acteur doit disposer des informations nécessaires et des moyens de décider pour agir du mieux possible à son niveau d'intervention. Il s’agit de la mise en adéquation concrète de la stratégie dans la production du bien ou service proposé par l’entreprise. C’est un processus constant, évolutif et instauré dans une logique Plan, Do, Check, Act (PDCA), qui implique un suivi des performances, tant dans les processus que dans les résultats, avec actions correctives en cas de besoin.

Etape 5

Le reporting intégré : L’intégration de votre reporting financier et extra-financier dans un seul et même document. A terme, c’est ce vers quoi tend l’Union Européenne avec la directive CSDR. Pour aller plus loin, retours d’expérience sur le reporting intégré.

5.2. Identifiez les valeurs et les objectifs ESG sur lesquels vous souhaitez communiquer

Depuis 2019 de plus en plus d’entreprises, de toute taille, mettent en place des “directions de l’engagement”, RSE, ESG, CSR et autres appellations. Puisqu’un reporting ESG reflète la dimension éthique d’une entreprise, c’est à elle de se fixer des objectifs et des KPI’s. Les principes et cadres d’analyse internationaux servent à guider votre réflexion en vous donnant différents critères sur lesquels vous pouvez vous fixer des objectifs. Cela varie notamment selon son type d’activité et son secteur : énergie, immobilier, finance, cosmétique, etc. Nous avons rédigé un article sur les frameworks ici (Comparatif 2022 des Frameworks et standards de performance extra-financière)

Se fixer des objectifs mesurables facilite la communication des résultats et la clarté de la démarche de l’entreprise auprès de vos différentes parties prenantes. Voilà pourquoi cette étape doit être intimement liée à la stratégie de l’entreprise et non pas considérée comme un simple reporting comptable ou une action de communication.

Identifier et comprendre les valeurs internes de votre entreprise vous permettra de 1. mettre la durabilité au cœur de leur stratégie 2. piloter des actions concrètes et 3. entamer une démarche sincère d’impact positif. Cette pratique de mise en place de directions RSE/ESG étant nouvelle, elle soulève quelques enjeux tels que : “comment placer l’engagement au cœur des métiers et de l’activité de l’entreprise” plutôt qu’en périphérie », “comment obtenir les moyens de ses ambitions”, ou “comment impliquer l’ensemble des collaborateurs dans l’engagement de l’entreprise.”?

La question que vous pouvez vous poser et poser à vos parties prenantes pour répondre à ces questions est : quels sont les combats que vous voulez mener et qu’êtes-vous prêt à faire pour les mener à terme ? Puisque l’idée n’est pas que vous meniez ces combats à n’importe quel prix, s’en suit la question du choix des moyens mis en œuvre et de l’éthique pour y parvenir.

5.3. Le principe de double-matérialité

Faire une analyse de risques à travers la matrice de double-matérialité est une étape essentielle de construction de votre reporting ESG. Toutefois, il s’agit d’un sujet un peu complexe à comprendre, c’est pourquoi nous y avons dédié cet article : Le principe de double-matérialité, moteur de la création de valeur.

5.4. La communication responsable et transparente de votre stratégie

Tout au long du processus, il importe de garder en tête les principes de la communication responsable afin de bien communiquer votre stratégie, vos objectifs et vos besoins tout au long du process, car il faut éviter le greenwashing (lire nos articles sur le greenwashing et la communication responsable).

5.5. Planifiez votre stratégie de collecte de données

Plutôt que de voir le reporting ESG comme un outil servant à une fin légale, ce qui importe de retenir est que votre reporting comporte plusieurs finalités et qu’il s’agit d’avantage d’un continuum entre l’évolution de vos données et votre histoire, ainsi qu’un dialogue entre vous et vos parties prenantes. Nous allons peu à peu vers le reporting intégré. La façon dont votre entreprise agit sur les critères ESG a un impact sur votre storytelling, qui aura un impact sur la réussite de votre stratégie, un cercle vertueux.

Voici quelques questions qui peuvent guider votre réflexion sur la collecte de données :

  1. Identifier les données à analyser. Quelles informations devez-vous collecter pour répondre à quels critères ESG ? Etablissez-en une liste avec une typologie de donnée.

  2. Identifiez quelles sont les sources de données que vous avez à votre disposition ? Vous pouvez ajouter une colonne à droite de votre liste de typologie de données, pour identifier les sources disponibles (vos distributeurs ? Une base de données interne ? Etc.)

  3. Pensez aux questions légales. Faut-il des autorisations pour accéder à certaines données ? Certaines sont-elles confidentielles, ou délicates ? A qui faut-il demander l’autorisation?

  4. Demandez-vous s'il y a une méthode de collecte qui serait plus adaptée à mes besoins ? Par exemple, une collecte manuelle ou automatisée ? L’automatisation implique souvent un investissement et peut comporter son lot d’avantages et d’inconvénients. Parmi ses avantages : la rapidité, la simplicité et la réduction de la marge d’erreur. Il est donc intéressant encore une fois, d’évaluer les avantages et inconvénients d’une méthode par rapport à une autre. Cela peut varier selon la taille et le type d’entreprise au sein de laquelle vous opérez, votre secteur, le nombre de parties prenantes, la composition de la chaîne de valeur, le temps et les ressources dont vous disposez, la possibilité de faire appel à un cabinet d’expertise-conseil, etc.

  5. Soyez exhaustif. L’exhaustivité des données est l’un des critères exigés par les nouvelles normes. Cela signifie que pour pouvoir opérer une bonne analyse ESG, vous devrez aller jusqu’au bout du processus et obtenir toutes les informations. Si certaines vous manquent, alors il existe des méthodes de prédiction de données grâce à l’intelligence artificielle. Cette méthode, bien que présentant des avantages, présente aussi des inconvénients, notamment par rapport à la qualité et à la fiabilité de vos données, mais également par rapport à leur indépendance. Cela dit, en l’absence d’autre alternative, c’est souvent celle qui sera choisie, car elle présente l’avantage d’être plus rapide à obtenir et conforme aux critères des frameworks ESG. En outre, certains types de données ne peuvent pour l’instant pas être obtenues autrement. L'utilisation des données de performance ESG peut permettre d’améliorer la planification et l'impact du développement durable, et la corrélation entre les efforts ESG et la performance financière de votre entreprise. En ce sens, elles permettent d’enrichir les budgets et d’analyser les coûts de long-terme, grâce à des scénarios prédictifs. Par exemple, si vous êtes dans un domaine industriel, votre organisation souhaite désormais utiliser des matériaux recyclés, les scénarios prédictifs permettront d’évaluer les répercussions sur votre chaîne d’approvisionnement et la structure de vos coûts sur les années à venir.

  6. Vérifiez la fiabilité de vos données. Afin de s’assurer de la qualité de votre analyse, il faudra penser à effectuer des relectures et des ajustements.

  7. Adoptez une stratégie, un plan et une charte de bonnes pratiques. Dans certains secteurs tels que l’immobilier, le processus de collecte peut s’apparenter à un véritable parcours du combattant. C’est pourquoi il importe d'en faire un objectif collectif, participatif et d’exercer un leadership transparent, bienveillant et inclusif, en ayant recours au storytelling, afin d’impliquer vos parties prenantes. Pour vous aider, vous pouvez établir au préalable une stratégie et un plan d’action simple incluant : le type de données à fournir, les critères de fiabilité des données et les délais à respecter. Une charte de bonnes pratiques vous permettra d’éviter les conflits d’intérêt et de garantir un certain niveau de rigueur.

  8. Vous pouvez vous demander s’il vaut mieux externaliser le processus de collecte des données, en faisant appel à un acteur spécialisé dans cette activité. Avec les remaniements réglementaires impulsés par le Green Deal, l'Europe met en place une stratégie visant à reprendre le contrôle de la donnée ESG, notamment au regard des nouvelles lois visant à protéger les données personnelles des européens : CSRD (lien) et DSA/DMA (lien). Ces données ESG vont être de plus en plus normées pour pouvoir être traitées par une intelligence artificielle, placée sous l’égide d’une institution européenne qui s’appelle l’EFRAG.

    La plateforme RSE du gouvernement français a décidé de se saisir en 2019 de la question des sources et des usages des données sur la RSE. Elle a constitué en mai 2022 un nouveau groupe de travail consacré à la notion d’impact, à ses instruments, ses usages et ses implications. Il est composé de représentants des différents pôles qui composent la Plateforme RSE, animé par Pierre Victoria (Comité 21), président de la Plateforme RSE, François Moreux (CFE-CGC) et Nils Pedersen (Pacte mondial Réseau France). On peut retrouver différents rapports dressant un constat d’évolution des pratiques en matière de reporting chez les entreprises françaises, comme celui-ci : RSE et performance globale : mesures et évaluations - État des lieux des pratiques . Les résultats de leurs recherches seront rendus publics fin 2022.

    Parmi les conclusions présentes dans ce rapport, la Plateforme RSE souligne qu’il est fréquent de voir des rapports annuels de 300 pages et de ne toujours pas savoir à la fin si l’information est fiable. Malgré la complexité apparente du processus, gardez en tête qu’il s’agit d’une phase transitoire, puisque le contexte réglementaire s’harmonise. Il vaut mieux fournir moins de données de qualité que davantage de données pouvant éventuellement semer la confusion.

Comment vos équipes peuvent-elles se coordonner pour faciliter le processus de reporting ?

Prenons l’exemple d’une entreprise ayant confié les questions ESG à une équipe dédiée. Celle-ci aurait la charge de mettre en place le reporting avec l’équipe des finances. La question serait : Comment les équipes de finance et d’ESG peuvent-t-elles travailler ensemble pour conduire leur stratégies business ?

Source : Ultimate ESG Guide, Workiva

Ce qu’il est intéressant de noter ici est l’importance d’une part, de la méthodologie et d’autre part, de la coopération dans l’élaboration du processus de reporting. En la matière, il n’y a aucun doute : l’union fait la force.

Selon le cadre que vous choisissez, il se peut que vous deviez optimiser plus de 20 paramètres ESG. En plus de vos engagements commerciaux habituels, l'élaboration d'une stratégie ESG et le succès de sa mise en place peut s’avérer un véritable challenge; Dans cette optique, il peut être utile de trouver une méthodologie qui permet d’aligner la stratégie et l'exécution, comme la méthode OKR (Objectives and key results) ou une méthode de gestion de projet agile par exemple. Tout projet de RSE nécessite d’abord une bonne compréhension des problématiques et des outils de mesure afin de pouvoir ensuite:

  1. Initialiser le projet avec un engagement clair de la direction (roadmap, nomination de référent, formation, outil de mesure, livrable)
  2. Analyser et auditer l’état actuel de votre empreinte 3) la définition de vos indicateurs de performance ESG
  3. L’intégration de vos résultats par rapport à un framework ou référentiel, ce qui permet d’établir des préconisations de court, moyen et long-terme
  4. Le design et la conception de votre stratégie et des moyens mis en oeuvre pour améliorer vos process sur les leviers identifiés
  5. Accompagner le changement (gouvernance, communication, sensibilisation, pédagogie).

Pensez en amont à intégrer le numérique responsable à votre réflexion

Le numérique intervient tout au long de ce processus, à différents niveaux, mais c’est au niveau de l’alignement entre votre stratégie et la mise en œuvre de vos moyens qu’il a le plus d’impact sur votre business. L’étape d’alignement stratégique implique une réflexion sur la structure d’information, qui revient à adapter les outils technologiques mis à disposition dans l’entreprise et influe le système décisionnel, le système de production et le système logistique.

Conclusion : Valeurs et cohérence sont la clef de voûte de votre réussite

Se fixer des objectifs ESG d'atténuation et d'adaptation au changement climatique devient obligatoire pour les entreprises. Le plus grand changement de perspective est la prise en compte des impacts du changement climatique dans leur stratégie business et leurs opérations commerciales quotidiennes, ce qui était auparavant souvent relégué à la RSE ou à la communication. Elle se place donc désormais au cœur de la stratégie d’entreprise. Cela induit souvent une révision du business model et implique un haut degré d’éthique et de transparence envers les parties prenantes. La crise du coronavirus a révélé l’importance du “capitalisme des parties prenantes” tel que l’a déclaré le Forum économique mondial en 2020. Celui-ci se définit par “un système dans lequel les entreprises sont orientées pour servir les intérêts de toutes leurs parties prenantes”. C’est pour répondre à leurs préoccupations que vous réalisez ce reporting extra-financier, afin de créer un dialogue avec chacune d’entre elles. Cette idée de dialogue sous-tend tout le processus de reporting. La taxonomie européenne donne au marché une référence claire en matière de performance environnementale, établissant un langage commun pour les investisseurs (les entreprises et les autres parties prenantes), ce qui permettra de bâtir une confiance durable. A cela s’ajoutent les efforts d’harmonisation des principes et frameworks ESG. Tout cela porte à croire que le processus de déclaration extra-financière deviendra une procédure de plus en plus fluide et qu’elle s’inscrira durablement dans les usages, suite à cette “révolution” du monde de la finance. Cela dit, la performance ESG nécessite beaucoup de cohérence et des indicateurs de performance environnementale basés sur la science. Votre politique RSE et votre communication devront s’aligner avec votre stratégie d’entreprise. Vos valeurs et celles de vos parties prenantes seront la clef de voûte de votre réussite : elles vous permettront de mobiliser tous ces acteurs derrière une vision commune et de fournir l’effort nécessaire à la réalisation de ce challenge, qui nécessite à la fois créativité, ambition, moyens et précision.

Auteur : Marie-Christine Aubin

Pour aller plus loin :

A quoi sert l'ESG ?

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