Plusieurs scénarios qui nous mettent sur la voie du Numérique Responsable
Début mars, l’ADEME et l’Arcep publiaient le troisième volet du rapport commandé par le gouvernement de l’impact du numérique sur l’environnement. En nous exposant plusieurs scénarios hypothétiques, cette étude jette un regard lucide sur l'avenir et remet en question la manière dont nous utilisons les technologies numériques.
Les chiffres inquiétants d’un horizon à 2030 et 2050 où la pollution numérique n’aurait fait que croître sont heureusement relativisés par la perspective d’un autre futur : celui où nous faisons le choix de la sobriété. Retour sur une étude aussi éclairante qu’instructive.
Un constat alarmant : +45% d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 si rien ne change
L’analyse réalisée par l’ADEME et l’Arcep distingue des scénarios à plusieurs échelles de temps, à la fois sur 10 et 25 ans. Elle permet de constater que si rien n’est fait pour réduire l'impact environnemental du numérique d’ici 2030, les augmentations en termes de consommation et de ressources mobilisées seront démentielles :
- Le nombre d’équipements : supérieur de 65% à celui de 2020 (notamment en raison de l’essor des objets connectés)
- Le trafic de données : multiplié par 6
- L’empreinte carbone du numérique en France : + 45%
- La consommation de ressources abiotiques (métaux et minéraux) : + 14%
- La consommation électrique (en phase d’usage) : + 5 %
Si l’on applique ce scénario tendanciel à 2050, la production d’émissions de gaz à effet de serre du numérique pourrait tripler, et la consommation d’énergie, doubler.
L’analyse des données de ce scénario inquiétant nous permet de constater l’importance de remettre en cause nos modes de production, mais aussi nos usages des biens et services numériques.
Horizon 2030 : 3 scénarios alternatifs et un focus sur les terminaux
La tendance peut toutefois être inversée, comme le montrent trois scénarios alternatifs.
Ces derniers se basent sur l’évolution potentielle de 4 variables :
- le volume de données consommé (vidéo, cloud, IA, IoT, métavers, blockchain)
- la consommation électrique du numérique.
- le nombre d’équipements et terminaux (téléviseurs, ordinateurs, box internet, smartphone et objets connectés)
- la durée de vie de ces derniers
On y remarque une constante : la nécessité de limiter l’empreinte carbone des terminaux, principale cause de consommation de ressources abiotiques (métaux et minéraux). Au-delà de l’émission de CO2 de ces objets du quotidien (scope 2 et 3), ils se doivent de répondre également aux standards de responsabilité sociale telle que la norme ISO 26000 lors de leur phase de fabrication.
Voici les trois hypothèses mises en lumière pour l’horizon 2030 :
L’écoconception modérée 🌱
Ce scénario adopte partiellement les principes de l'écoconception sans modifier les prévisions concernant l'évolution anticipée du nombre d'équipements et de terminaux. Il implique cependant l’allongement de la durée de vie des équipements grâce à l’écoconception. Même dans une mise en place dite “modérée”, elle permettrait de réduire d’un quart la consommation électrique du numérique.
L’écoconception généralisée 🌿
L’hypothèse de l’écoconception généralisée irait plus loin que le scénario précédent. Les industriels du numérique s’y orienteraient vers des biens et des services à l’impact minimal, ou se conformant aux standards sur les mesures d’impacts environnementaux les plus stricts. Cela permettrait de diminuer la consommation de ressources de 15% et de stabiliser l’empreinte carbone croissante du numérique (+5%).
La sobriété numérique 🌳
Enfin, dans le cas d’une stratégie de sobriété numérique, les modes de fabrication des équipements seraient modifiés afin de minimiser leur nombre sur le marché. Avec un usage plus sobre du numérique, les équipements seraient limités et les produits reconditionnés, favorisés. En somme, ce scénario verrait la mise en œuvre de principes de réduction de la pollution numérique par tous les acteurs de la chaîne de valeur (des usagers jusqu’à l’offre de biens et de services) et l’avènement de la low-tech.
La sobriété numérique nécessite également des actions de formation et de sensibilisation visant à développer un cadre méthodologique pour mesurer la sobriété numérique. Digital4Better, créateur de la solution fruggr, contribue déjà activement à cet effort !
Horizon 2050 : 4 modèles de société possibles
Dans le cadre de l'exercice "Transition(s) 2050", L'ADEME a créé quatre modèles de société qui peuvent nous orienter quant aux défis à relever pour un objectif carbone neutre à horizon 2050.
Pari réparateur 🏗️
Dans la continuité du scénario tendanciel pour 2030, le modèle “Pari réparateur” imagine un monde où nous avons fait le pari de pouvoir gérer ou réparer les systèmes sociaux et écologiques à l’aide des technologies. Elles sont mises à profit pour, par exemple, valoriser énergétiquement la biomasse et favoriser le recours à la décarbonation. Grâce à cela, nos modes de vie actuels sont conservés, mais au prix fort : l’impact sur l’environnement est conséquent, avec une empreinte carbone du numérique multipliée par 5 en comparaison avec 2020.
Technologies vertes 🏡
Ce modèle de société imaginé par l’ADEME est celui de la tech4good mise en place dans l’ensemble de la société à horizon 2050. Il s’agirait donc d’un monde où le développement technologique et l’innovation sont exploités pour répondre aux défis environnementaux, sans pour autant changer radicalement nos comportements et usages du numérique au quotidien.
Coopérations territoriales 👨🌾
Dans le cadre d’une coopération territoriale et d’une gouvernance partagée, la société évolue lentement mais sûrement vers un système plus vertueux et respectueux de l’environnement. Afin de maintenir la cohésion sociale et d’atteindre la neutralité carbone, les organisations non gouvernementales, les institutions publiques, le secteur commercial et la société civile travaillent main dans la main.
Génération frugale 🚲
Enfin, le scénario “Génération frugale” implique un changement profond et durable de nos modes de vie : moyens de locomotion, alimentation, chauffage, achat et usages du numérique...
Modèle privilégié pour une division par deux de l’empreinte carbone, il est aussi le plus ambitieux. Il demanderait en effet une interruption de l’épuisement des ressources et de dégradation de l’environnement, et ce grâce à des innovations comportementales, organisationnelles et technologiques. Ce modèle impliquerait, du point de vue du numérique, une réduction massive de la production d’équipements et le recours à des terminaux moins énergivores.
La sobriété numérique : le seul moyen d’inverser la courbe
Si l’objectif de l’Accord de Paris en 2050 veut être atteint, le numérique doit jouer un rôle essentiel. Les utilisateurs, les fabricants de terminaux et d’équipements, les opérateurs de réseaux et de data center et les fournisseurs de contenus et d’applications devront fournir un effort commun afin de répondre aux enjeux environnementaux. Au-delà de l’empreinte carbone, il s’agit également de la disponibilité des métaux et ressources utilisées pour la fabrication des terminaux.
Grâce à cette étude de l’ADEME et de l’Arcep, nous sommes déjà en mesure d’identifier des leviers d’action afin de mettre en place une politique de sobriété numérique :
- La réduction et la stabilisation du nombre d’équipements et l’allongement de la durée de vie des terminaux
- La généralisation du reconditionnement et de la réparation des équipements
- La sensibilisation des consommateurs aux enjeux de la sobriété numérique
- La systématisation de l’écoconception pour les terminaux mais aussi pour l’ensemble des équipements, y compris les infrastructures de réseaux et les centres de données
En actionnant tous ces leviers, nous serions en mesure de réduire l'impact environnemental de la technologie numérique jusqu'à 16 % d'ici 2030 par rapport à 2020. En appliquant les bonnes pratiques du Numérique Responsable, nous pouvons toutes et tous contribuer à la sobriété numérique.
Les entreprises sont les premiers acteurs capables de jouer un rôle dans l'effort collectif destiné à préserver l’avenir de notre planète en adoptant une démarche de sobriété numérique. Pour cela, la première étape consiste à évaluer son empreinte. Plus qu'un simple outil de mesure du bilan carbone, le logiciel fruggr offre une solution de mesure globale l’empreinte environnementale et sociale des entreprises.
En mettant l'accent sur les certifications ISO, la stratégie RSE, l'écoconception, les actions de formation et de sensibilisation et les performances ESG, fruggr propose des mesures concrètes afin de réduire l’empreinte environnementale sur le long terme. Grâce à une analyse précise des données collectées, cette solution innovante fournit des indicateurs clairs et des recommandations personnalisées pour accompagner les entreprises dans leur transition vers un numérique à la fois plus responsable et plus performant.