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Quand l’assurance s’engage pour un numérique plus responsable

Le Numérique Responsable est en passe de devenir un axe incontournable de la RSE pour les acteurs de l'assurance

Numérique Responsable et RSE : l’assurance de plus en plus concernée et engagée sur la question

Les acteurs du secteur de l'assurance font aujourd’hui face à de nouveaux défis : une réglementation européenne et nationale plus stricte sur le reporting des données extra-financières, une attente croissante des parties prenantes sur la gestion éthique et écoresponsable de leurs activités. Outre le risque d'atteinte à leur réputation, les assureurs voient leur modèle économique fragilisé par l'émergence de nouveaux risques liés au réchauffement climatique et à la mobilisation croissante de nos sociétés concernant les questions environnementales. 

Bien que la nécessité de répondre à ces nouvelles problématiques puisse être perçu comme une contrainte, de nombreuses compagnies d’assurance ont su voir au contraire l’opportunité de performance que représentait une transformation durable de leur modèle. En effet, il n'y a pas de secteur où l'alignement entre la RSE et les bénéfices commerciaux soit plus crucial, car la rentabilité de l'assurance est directement liée aux conditions sociétales et environnementales. 

Le numérique représentant 1/3 de l’empreinte des acteurs de la finance, les assurances se saisissent de plus en plus de ce poste d’émission conséquent en s’ancrant durablement dans une stratégie de décarbonation numérique. Penchons-nous sur les acteurs français de l’assurance qui pensent et font le numérique autrement, et sur les enjeux qu’impliquent pour eux un plan de transition numérique.  

maif

MAIF, l’exemple d’une assurance actrice du Numérique Responsable

La particularité première de la MAIF réside dans son statut d'entreprise à mission. Depuis 2009, un comité de mission veille à ce que l'entreprise atteigne ses objectifs sociaux et environnementaux. C'est dans ce contexte qu'elle s'est intéressée à la responsabilité numérique dès 2019. Cette année-là, la MAIF officialise son adhésion à l'INR, démontrant ainsi sa volonté de s’inscrire dans une démarche de responsabilité numérique. Deux ans plus tard, elle consolide cet objectif en apposant sa signature sur la charte du Numérique Responsable de l’INR, où elle s'engage à suivre les principes de sobriété et d’inclusion, notamment dans la conception de ses services numériques ainsi que dans sa politique d'achats IT. 

Mais ce qui fait vraiment la singularité de la MAIF, c’est le fait qu’elle a dépassé le stade d’entreprise suivant un plan de transition numérique pour devenir une compagnie d’assurance actrice du Numérique Responsable. En usant de son rôle de tiers de confiance auprès des Français, l’assurance sensibilise le grand public à l’impact environnemental du numérique et encourage les bonnes pratiques.  Elle est aussi active au sujet de l’axe sociétal et social de l’empreinte numérique, avec la signature de sa charte “pour un numérique humain et éthique” : la MAIF est ainsi active sur le sujet de la fracture numérique, et a également créé la plateforme Numérique éthique pour guider les jeunes dans leurs usages numériques.   

Allianz France : soutien à l’inclusion numérique et engagement pour une empreinte réduite de ses sites

Autre acteur prenant sa stratégie RSE à bras le corps en s’attaquant à son empreinte numérique : l’assureur généraliste Allianz France. Bien qu’il n’ait signé la charte du Numérique Responsable de l’INR qu’en mai 2022, l’acteur de l’assurance s’était déjà intégré dans une démarche de responsabilité numérique et de Green IT depuis plusieurs années. Notamment en apportant un soutien financier à Simplon.co, une école inclusive dédiée à la formation aux métiers du numérique, en réalisant un audit de l’ensemble de son parc informatique et en s’engageant pour la réduction de l’impact carbone de ses services numériques. Allianz France s’était pour cette dernière raison distingué en devenant lauréat du Sustainable Challenge d’APIdays en 2021.   

BPCE, une filière Numérique Responsable dédiée pour son objectif de décarbonation numérique

Deuxième groupe bancaire en France et acteur de l’assurance, BPCE a inscrit le Numérique Responsable dans son plan de transition écologique. En effet, son objectif à horizon 2024 est une réduction de 15% de son empreinte environnementale sur 4 axes : l’Immobilier Durable, les Achats Responsables, la Mobilité Durable et le Numérique Responsable ! Ce dernier axe a donné vie à une filière Numérique Responsable, organisée autour de la DSI, du service Achats et de la RSE.  

Cinq chantiers sont nés de cette filière : Cycle de vie des équipements, Conception Numérique Responsable (avec la production d’un Eco-score applicatif), Rayonnement Numérique Responsable, Data centers et Indicateurs. 

Les équipes de fruggr sont intervenues auprès du groupe BPCE pour les accompagner dans la mise en œuvre concrète de ces chantiers : notamment avec l**'optimisation de leurs services numériques** existants et l’amélioration du volet accessibilité de leurs plateformes. Elles sont aussi intervenues dans la sensibilisation de leurs équipes au sujet de la sobriété numérique.  

digital sustainability

Les enjeux pour les compagnies d’assurance d’un numérique fiable et responsable

Comme nous le mentionnions plus tôt, la transition numérique responsable des entreprises constitue une réponse aux enjeux auxquels elles doivent aujourd’hui répondre. Comme l’ont compris ces entreprises, le numérique est un point d’entrée par lequel elles peuvent envisager leur stratégie RSE dans sa globalité, et de manière concrète. La loi Pacte a permis à tous les secteurs, notamment la finance de se poser la question de sa raison d’être. La personne morale qu’est l’entreprise remet les enjeux sociétaux clefs au cœur de son modèle. Plusieurs assurances ont pris le statut d’entreprise à mission pour abonder dans ce sens, une mission contrôlée par un comité composé de parties prenantes externes. 

Transparence et reporting extra-financier

La communication des assurances vis-à-vis de leurs performances environnementales, sociales et de gouvernance sont depuis quelques années une obligation qui relève de la législation européenne. Les directives CSRD et CSDD, qui se complètent l’une l’autre, rendent obligatoire le reporting de données précises quant aux activités des entreprises. A échelle internationale, les normes SASB sont également là pour encadrer les données extra-financières sur le développement durable. Plus spécifique à la finance, le règlement SFDR vise à favoriser la transition écologique des acteurs du secteur. Le Numérique Responsable constitue un levier pour enclencher ou aller plus loin dans cette transition, avec la création de données détaillées et générées de manière automatisée. 

Anticipation des risques financiers

D'après les études réalisées par les organismes de contrôle et de régulation financière, le changement climatique entraîne l'émergence de trois catégories de risques pour les activités de l'assurance : les risques physiques, les risques de transition et les risques juridiques et de réputation. Chacun de ces risques a des répercussions à la fois sur le passif des assureurs (à savoir les résultats de souscription) et sur l'actif (les investissements). Cependant, ces enjeux sociaux et environnementaux croissants – notamment liés à l’impact du numérique - ne devraient pas être perçus comme des sources de risques. Au contraire, ils ouvrent la voie à la création de nouvelles opportunités pour générer une valeur globale de profitabilité, de durabilité et de croissance.  

Alliance entre digitalisation et transition numérique responsable

Pour les compagnies d'assurance, l'enjeu de la digitalisation est crucial étant donné leur dépendance croissante aux centres de données pour le stockage de leurs informations. Or, les data centers consomment actuellement 10% de l'électricité en France et représentent 16% de l'empreinte carbone du secteur numérique dans le pays selon la dernière étude de l’ADEME-Arcep. La digitalisation des assureurs est cependant un processus auquel il est possible d’intégrer des principes de sobriété et de frugalité. 

La dématérialisation des processus et l'émergence de nouveaux services financiers en ligne offrent en effet aux grandes compagnies d'assurance une opportunité idéale pour y intégrer des principes d'écoconception et de sobriété. En adoptant une approche écoresponsable pour leurs services numériques, elles peuvent anticiper et limiter l'impact environnemental dès la conception, en vue de réduire leur empreinte écologique. 

Protection des données financières

Garantir la protection des données financières de leurs clients est la première priorité des compagnies d’assurance. Cela implique des processus complexes de mise en conformité aux réglementations en matière de protection des données, ainsi que la mise en place de protocoles de sécurité solides et transparents. Adopter une démarche Numérique Responsable permet de répondre à cet objectif en évaluant la vulnérabilité et la confidentialités des services numériques en ligne, en réalisant une optimisation des systèmes d’informations et en concevant des services numériques à la fois sobres et robustes.  

Une opportunité pour l’assurance : celle d’être un exemple de durabilité

La prise en compte de la RSE ne doit plus se limiter à un simple acte symbolique de bonne conduite. De nos jours, elle revêt une importance capitale en tant qu'élément clé pour assurer la pérennité économique et la performance à long terme des compagnies d'assurance. L’assurance a toujours été novatrice sur les modèles responsables, les mutuelles en sont une parfaite illustration. L'engagement croissant de l’assurance et, dans une perspective plus large, des acteurs de la finance sur le sujet du Numérique Responsable, est la suite logique de cette tendance globale des entreprises vers une stratégie ESG durable.  

Ce n’est que le début, les acteurs vont transformer l’étape d’engagements en actions concrètes, dans une trajectoire d’amélioration d’empreinte mesurée, suivie, objectivée. Le numérique constitue un pan clef pour un acteur de la donnée comme l’assurance, qui constituera à l’avenir un exemple pour d’autres secteurs.Fréderic Marchand, CEO de digital4better x fruggr

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