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Scopes 1, 2 et 3 : l’impact du numérique

On parle souvent des Scopes pour évoquer l’impact environnemental de nos sociétés...mais comment s’appliquent-ils au numérique ?

Comment les Scopes 1, 2 et 3 s’appliquent au numérique et à l’IT ?

Les bilans carbone sont plus que jamais d’actualité : début 2023, le décret BEGES du ministère de la Transition écologique actualisait et précisait la démarche à réaliser pour les entreprises, afin de mesurer précisément leur empreinte carbone et d’agir en conséquence face aux résultats. Bien que le décret ait remplacé les Scopes par 6 catégories d’émission de GES, elles demeurent la méthode de référence pour déterminer le périmètre d’un bilan GES.

Mais en termes d’émissions carbone, parle-t 'on suffisamment du numérique ? En effet, selon une étude publiée le mois dernier par l’ADEME-Arcep, 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales sont dues au numérique, et ce chiffre pourrait tripler d’ici 2050. Pour agir en faveur d’un numérique responsable et durable, il faut avant tout de chose poser le périmètre de son empreinte numérique. Les Scopes, appliquées au numérique, nous offrent une meilleure compréhension des enjeux mais aussi des leviers d’action à enclencher !

Infographie des différents scopes

Les Scopes 1, 2 et 3 : un moyen efficace de catégoriser les émissions de gaz à effet de serre

Pour rappel, Les Scopes (littéralement “portée” ou “périmètre” en anglais) sont des catégories utilisées pour classer les émissions de gaz à effet de serre des entreprises. En effet, les entreprises comptent (sans surprise) pour beaucoup dans le bilan carbone mondial : déterminer les postes d’émission est la première étape pour agir.

Un peu d’histoire... 📜 Les Scopes d'émission carbone ont été introduites pour la première fois par le Greenhouse Gas (GHG) Protocol, une norme internationale de calcul de l'empreinte carbone des entreprises et des organisations créé à la fin des années 90 par le World Resources Institute et le World Business Council for Sustainable Development.

Les Scopes correspondent donc à différents périmètres, et sont catégorisés comme suit :

  • Le Scope 1 correspond aux émissions directes provenant de la combustion d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon, tourbe). De manière plus générale, le Scope 1 correspond à l’empreinte carbone liée à la fabrication de produits matériels.

  • Le Scope 2 concerne consommation d'énergie d'une entreprise, qu'il s'agisse d'électricité ou de chauffage. Toutes les industries ont besoin d'électricité pour fonctionner, le Scope 2 doit donc systématiquement être calculé.

  • Enfin, le Scope 3 concerne les émissions indirectes et représente souvent la part la plus conséquente d’un bilan GES. Il comprend les émissions générées par les fournisseurs et par les clients au cours du cycle de vie d’un produit ou d’un service.

Et le Scope 4, alors ?

Le Scope 4 concerne ce qu’on appelle les “émissions évitées” : il s’agit des émissions de gaz à effet de serre qui auraient été générées par le client ou l'utilisateur final lors de l'utilisation du produit ou du service.

Au lieu de mesurer les émissions réelles générées, on compare l'impact de la solution proposée à l'alternative la plus probable. En évaluant les émissions évitées, on peut mieux comprendre l'impact environnemental total d'un produit ou d'un service, en prenant en compte les émissions qui sont évitées grâce à l'utilisation de cette solution. Aucune norme internationale ne régit cependant le Scope 4 et il n'est pas encore considéré comme une obligation réglementaire### 2.2. Pilier 2 : Critères sociaux et sociétaux (ou humains)

consommationnumerique

Pollution du numérique : comment les Scopes s'appliquent au numérique

Encore selon une étude menée par l'ADEME et l'ARCEP, le numérique représente actuellement 2,5% de l'empreinte carbone totale de la France, incluant les phases de fabrication et d'utilisation.

En effet, les émissions de gaz à effet de serre ne constituent qu'un seul aspect de l'impact environnemental du numérique. Pour prendre en compte l'ensemble de son empreinte écologique, il est nécessaire de considérer les impacts générés tout au long du cycle de vie des équipements numériques, en particulier :

  • La phase de production : la fabrication des terminaux requiert l'utilisation de matériaux : l'extraction de ces derniers demande une grande quantité d'eau et d'énergie, ainsi que l'utilisation de produits chimiques souvent toxiques.

  • La fin de vie du produit : la gestion des déchets d'équipements électriques et électroniques est un autre défi environnemental majeur : selon le Ministère de la Transition Écologique, les DEEE augmentent de 2% par an en moyenne et moins de 40% de ces déchets sont actuellement recyclés en Europe. Lorsque le recyclage est impossible, ces déchets sont souvent exportés à l'étranger et peuvent être déversés dans des décharges à ciel ouvert, avec des risques environnementaux et sanitaires importants pour les populations locales.

Pour mieux comprendre à quelles échelles le numérique marque son empreinte environnementale et comment agir pour la réduire, la méthode des Scopes peut être appliquée :

Scope 1 : centres de données et équipement IT

Le Scope 1 concerne les émissions directes de carbone provenant des centres de données et des équipements informatiques, comme les ordinateurs et les serveurs. Ces équipements nécessitent de l'énergie pour fonctionner, générant ainsi de la chaleur, qui doit souvent être régulée à l'aide de climatiseurs qui consomment également de l'énergie. Cela fait des centres de données des sources importantes d'émissions de gaz à effet de serre.

Scope 2 : consommation d’électricité

Le Scope 2 correspond aux émissions indirectes de gaz à effet de serre qui sont principalement liées à la consommation d'électricité nécessaire pour faire fonctionner les équipements informatiques. En effet, la demande croissante en technologies de l'information a conduit à une augmentation de la consommation d'électricité, entraînant des émissions indirectes de gaz à effet de serre liées à la production et à la distribution de cette électricité. Dans le cas de l’Hexagone, le numérique consomme 56 TWh par an en France, ce qui représente 12 % de la consommation électrique et 3 % de la consommation d'énergie finale.

Scope 3 : fabrication et transport d’équipements

Enfin, le Scope 3 comprend les émissions indirectes de gaz à effet de serre associées à la fabrication (que nous mentionnons précédemment) et au transport des équipements informatiques, ainsi que la gestion des déchets électroniques. Le Scope 3 du numérique est celui qui génère le plus d'émissions de gaz à effet de serre. En effet, la production de composants électroniques tels que les puces et les disques durs nécessite l'utilisation de matériaux rares et de métaux, qui sont souvent extraits de manière non durable et ont un impact environnemental important. De plus, la fabrication et le transport de ces équipements contribuent également aux émissions de gaz à effet de serre.

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Comment agir sur le numérique à différentes échelles de Scope ?

Vous avez maintenant perçu l’impact réel (bien qu’invisible) du numérique ! Et après ? Pour lutter efficacement sur l’empreinte carbone du numérique, il est nécessaire d’opter pour la sobriété numérique, et de s’engager dans une démarche Numérique Responsable. Des solutions d’analyse à 360° comme fruggr sont là pour aider les entreprises à mesurer leur empreinte numérique et à prendre ensuite des mesures concrètes et durables pour l’améliorer.

Voici quelques-unes des actions qu’il est possible de réaliser simplement afin de réduire son impact lors de l’achat ou l’utilisation de biens et services numériques :

Agir à l’échelle du Scope 1 : mutualisation et optimisation des data centers

Dans le cas des data centers, il est possible de mutualiser les environnements physiques de production, de désinstaller les infrastructures inutilisées dans les salles d'hébergement ou encore de faire un inventaire matériel afin d’éviter une multiplication inutile des équipements IT.

De plus, il est possible d'améliorer l'implantation des serveurs en mettant en place un système de Free-cooling et de Free-chilling, de choisir des fournisseurs d'électricité verte et renouvelable (idéalement français) ou encore de demander un reporting GES aux fournisseurs et prestataires. Il est également conseillé de demander la DEP (Déclaration Environnementale du Produit) des équipements achetés.

Agir à l’échelle du Scope 2 : équipements labellisés et utilisation raisonnée

Pour réduire l'impact environnemental de votre équipement informatique, vous pouvez choisir des équipements dotés d'écolabels (comme EPEAT) et de labels énergétiques tels que 80 Plus, Energy Star, ou du matériel écoconçu. Activer les options d'économie d'énergie du système d'exploitation de l'ordinateur et de mettre en veille ou d'éteindre les ordinateurs lorsqu’ils ne sont pas utilisés peut est un geste qui peut sembler anodin mais qui aide à la réduction de l’empreinte environnemental de Scope 2.

Agir à l’achelle du Scope 3 : matériel reconditionné et écoconception

Afin d’agir sur l'empreinte carbone liée à la fabrication et au transport de nouveaux équipements numériques et terminaux, il est recommandé pour les entreprises d'opter pour du matériel reconditionné lorsqu'elles ont besoin de nouveaux équipements, tels que des ordinateurs ou des imprimantes. De manière plus globale, la réparation du matériel devrait être privilégié au remplacement. Les entreprises peuvent appliquer ces principes en mettant en place une politique d’achats IT responsables.

De plus, la conception des services numériques doit également être prise en compte dans le Scope 3, car les sites web ont également un impact environnemental et une empreinte carbone (et oui !). Il est donc crucial d'adopter une approche d'écoconception dès le début des projets.

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