Réduire l'empreinte écologique tout en améliorant l'accessibilité : l'association gagnante du mode sombre

Extinction des feux ! L’interface de nombreuses des plateformes web et applications mobile offrent désormais la possibilité de s’afficher en “dark mode” : du texte ou des composants d’interface clairs sur une toile sombre. Présentée comme une tendance design, une réponse à une envie de personnalisation ou une fonctionnalité offrant un meilleur confort de lecture, le dark mode ne serait-il qu’une mode passagère ?  

Ce n’est pas quelque chose à souhaiter, car le mode sombre pourrait être plus vertueux et utile qu’il n’y parait. En effet, il dispose d’un potentiel largement sous-estimé et peu mentionné qui fait pourtant écho aux enjeux de notre époque. Celui, d’abord, de réduire l’impact environnemental du numérique via sa capacité à économiser l’énergie produite par les services et équipements numériques que nous utilisons au quotidien. Mais également celui d’améliorer l’accessibilité des interfaces, et de contribuer ainsi à l’inclusion numérique. Retour sur le “dark mode” avec une mise en perspective par notre Chief eXperience Officer, Franck Valadier.  

Bref retour sur l’histoire du “dark mode" 📜 

Pour remettre les choses dans leur contexte, intéressons-nous à l’origine du dark mode, qui n’a en vérité rien de nouveau ! En effet, l’histoire des ordinateurs, premiers supports numériques avec lesquels nous avons interagi, commence avec le mode sombre, seule option disponible alors pour les écrans cathodiques.  

La situation a commencé à évoluer lorsque les premiers ordinateurs destinés au grand public, et avec écran couleur, ont fait leur apparition. Dans les années 80, l’apparition des écrans rétroéclairés et des écrans LCD ont par la suite permis d'afficher un fond blanc au lieu du noir habituel. L'objectif de ces nouvelles interfaces était de reproduire une version virtuelle d’un bureau de travail, et d’obtenir par là un écran rappelant la blancheur d'un cahier de notes.  

Aujourd’hui, les interfaces numériques sortent de ce carcan pour voguer vers de nouveaux horizons, et les réseaux sociaux ont été les premiers à prendre cette direction ces dernières années. À l’intersection entre expérience utilisateur, la consommation d’énergie et la facilité de lecture, le dark mode ouvre la voie vers une interface qui répond à nos préoccupations actuelles.  

Le mode sombre est-il vraiment utile dans l’économie d’énergie et la réduction de l’empreinte numérique ? 🌎

Activer le mode sombre peut être une mesure simple pour économiser de l'énergie et réduire ainsi l’empreinte écologique liée à notre utilisation quotidienne d’équipements numériques. Cependant, il est essentiel de souligner que l'impact réel du mode sombre sur l'empreinte écologique dépend de plusieurs facteurs. 

L’utilisation du “dark mode” ne peut avoir une incidence concrète sur la dépense d’énergie que s’il dispose d’un écran OLED. Les écrans LCD sont basés sur du rétroéclairage, ils sont donc constamment allumés, que le téléphone soit en light ou en dark mode. À l’inverse, un écran OLED émet sa propre lumière pour afficher le contenu : en mode sombre, les pixels noirs sont essentiellement éteints, ce qui permet de réduire la consommation d'énergie de l'écran. Étant donné que l'écran est l'un des principaux consommateurs d'énergie sur un téléphone et que la technologie OLED y est largement répandue, l'utilisation du mode sombre peut prolonger la durée de vie des équipements en réduisant la fréquence de recharge. 

Bien que ces effets positifs ne puissent pas concerner les écrans d’ordinateurs (à majorité LED), les applications web et navigateurs en mode sombre sont désormais légion et présentent d’autres avantages que celui de l’économie d’énergie, comme celui essentiel au Numérique Responsable : l’accessibilité numérique.  

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Au-delà du confort de lecture : l’accessibilité numérique en question 🤝 

De nombreux utilisateurs disent apprécier le mode sombre, avant toute autre chose, car il leur offrirait un meilleur confort de lecture par le biais de sa lumière plus douce et moins agressive que celle du mode lumière. Bien que l'effet néfaste du mode sombre ait également été soulevé comme un problème potentiel, la fatigue oculaire qui en résulte est davantage attribuée à une interaction excessive avec les écrans qu’avec un mode de lumière particulier, selon Euna Koo du Byers Eye Institute de Stanford. 

Assez peu mentionné et pourtant capital en termes d’inclusion numérique, le mode sombre peut contribuer à améliorer l'accessibilité numérique pour les personnes en situation de handicap visuel. Voici comment le mode sombre peut être bénéfique : 

• Contraste amélioré : L’utilisation de couleurs sombres pour le fond et des couleurs claires pour le texte et les éléments d'interface crée un contraste plus marqué. Pour les personnes atteintes de certaines formes de déficience visuelle, cela facilite la lisibilité et permet une meilleure distinction entre les différents éléments à l'écran. 
• Réduction de l'éblouissement : Les personnes ayant une sensibilité à la lumière (photophobie) peuvent trouver le mode sombre plus confortable, car il réduit l'éblouissement causé par les écrans lumineux.  
• Adaptabilité : Pour certains utilisateurs ayant des troubles de la vision, l'utilisation du mode sombre peut être une préférence personnelle : la possibilité de personnaliser l'apparence de l'interface de la sorte peut contribuer à une expérience d'utilisation plus adaptée à leurs besoins visuels. 

Une option d’interface adaptée aux projets numériques responsables

Le site de fruggr permet lui aussi d’accéder à différents modes de luminosité et de couleurs, afin d’en faciliter la lecture à tous les publics. Nous recommandons aussi la mise en place d’une option “dark mode” à nos clients, notamment lors de projets d’écoconception : ce mode sombre vient accompagner une volonté de frugalité dans tous les aspects de la plateforme numérique : poids des images, choix d’hébergement, quantité des données, etc.  

 
Même de grands groupes comme L’Oréal se sont approprié cette option d’interface dans un projet qui allie sobriété et inclusion numérique : celui de son rapport annuel de 2022. Proposant une expérience de navigation optimale, accessible à tous et à l’empreinte minimale, le site du rapport répond aux exigences du RGAA et inclut un mode “basse consommation”.  

En somme, le mode sombre est un élément pertinent qui peut s’intégrer à une stratégie d’optimisation numérique pour répondre à des objectifs d’accessibilité et d’impact réduit sur l’environnement.  

 L’angle de l’expert : Parole à Franck Valadier, Chief eXperience Officer 

Dark mode, éco mode, les maître-mots sont réduire et inclure. 

Réduire l’empreinte carbone à travers notamment la réduction de la consommation d’énergie mais également à travers la réduction de la quantité et du poids des éléments affichés. C’est dans ce sens que le dark mode évolue vers un éco mode, ne s’assurant pas seulement de baisser la luminosité mais de basculer également sur une consultation plus frugale. De la même manière et pour répondre aux enjeux d’inclusion et d’accessibilité, aucun de ces modes ne se doit d’être imposés, le confort des uns n’étant pas celui des autres, ils ne peuvent se soustraire à une approche de conception d’écoconception et d’accessibilité globale. 

Alors s’ils peuvent être vite taxés de greenwashing, voyons les comme une phase transitoire d’éducation ‘visuelle’ à ces enjeux pour qu’à terme on ne fasse plus la différence entre un site et un autre car tous respectueux des bonnes règles de conception et de production numérique. La tant décriée refonte de SNCF Connect, adoptant à son lancement les préceptes de cet éco mode, est là pour nous rappeler l’importance de ne pas transiger sur l’étude utilisateur et les prérequis d’accessibilité.